AKUNNAAQ EST UN PETIT VILLAGE GROENLANDAIS TRADITIONNEL SITUÉ DANS LA BAIE DE DISKO DANS LE CERCLE POLAIRE ARCTIQUE. AKUNNAAQ FAIT PARTIE DE LA COMMUNauté DE QEQERTALIK.

CONSTITUÉE DE 163 HABITANTS EN 1991, LA POPULATION LOCALE AUTOCHTONE DE L’ÎLE COMPTE AUJOURD’HUI UNE CINQUANTAINE D’HABITANTS PÊCHEURS ET CHASSEURS. LES TEMPÉRATURES EN HIVER OSCILLENT GÉNÉRALEMENT ENTRE -15°C ET -30°C. DÉBUT DÉCEMBRE, LE SOLEIL DISPARAÎT SOUS L’HORIZON POUR UNE DURÉE DE PRESQUE SEPT SEMAINES POUR RÉAPPARAITRE PROGRESSIVEMENT AU MOIS DE JANVIER.

PROJET hybride et transdisciplinaire d’exploration et création EN urbanisME/dessin/cartographie/musique/field recording décliné sous de nombreuses formes : phonogramme, exposition de dessins et cartes, mapping vidéo, spectacle théâtral, livre, ETC.

La nuit polaire Arctique, à la fois sublime et impitoyable, est le cadre poétique de cette exploration au milieu des étendues glacées. au sein du petit village groenlandais d’Akunnaaq, une petite île dans la baie de Disko.

Avec le soutien Groenlandais de la communauté de communes de QEQERTALIK, l’association LES AMIS D’AKUNNAAQ a lancé un appel à projet dans le cadre de la sauvegarde culturelle du village qui subit depuis des années en exode massif.

Nonobstant la question globale de la montée des eaux, c’est le re-devenir insulaire qui est interrogé par l’ABSENCE SIGNIFICATIVE DE BANQUISE n’autorisant plus les chemins de glaces d’île en île et imposant l’usage d’embarcations pour la chasse en toundra, la pêche sur glace et le ravitaillement. Il y a encore quelques années il était possible, en hiver, de «marcher» d’île en île, aujourd’hui, ce temps est en passe d’être révolu.

AKUNNAAQ EST UNE ÎLE QUI REDEVIENT ÎLE ET RENOUE AVEC LES PROBLÉMATIQUES D’ISOLEMENT ET DE FRONTIÈRE.

Le projet de création a pour enjeux la RENCONTRE POÉTIQUE DANS UNE ESTHÉTIQUE LARGE DE LA FRAGILITÉ LOCALE par l’intermédiaire d’une collecte méticuleuse des sons et d’un travail de dessin et de cartographie sensible afin de créer une expérience sonore et graphique immersive.

L’altération minérale (aussi appelé cannibalisme de la fonte), et son impact sur le milieu, les habitants, la flore et la faune endémiques plonge les auditeurs et spectateurs dans les phénomènes entropiques de cette région.

Les icebergs constituent un échelon fondamental de la chaine tropique océanique, ils fournissent une quantité colossale de nutriments et il s’y développe un grand nombre de formes de vies.

Il est illusoire de penser ces territoires comme des déserts glacés, ces êtres de glace sont en réalité des arches de vie. Phyto et zooplanctons, diatomées, mollusques, forêts de varech, etc, sont responsables d’environ 10% du stockage de CO2 mondial et fournissent jusqu’à 40% de l’oxygène que nous respirons.

Peinant toujours plus à se reformer chaque hiver, LA BANQUISE (composée de glace d’eau de mer contrairement aux icebergs et glaciers qui sont constitués d’eau douce) est un cri d’alarme qui concerne l’ensemble des êtres vivants de la planète.

TÉMOIGNER DE CE GROUILLEMENT CARACTÉRISTIQUE DU JEU DE LA VIE EST LE PREMIER DES ENJEUX DE L’EXPLORATION DANS LA BAIE DE DISKO.

Au quotidien, les enregistrements de terrain sont réalisés comme des cheminements dans la glace et le vent. Combinés avec un travail musical d’atelier, la manipulation sonore du bruit blanc, le souffle et la respiration au contact du froid sont mis à contribution, ainsi que les sonorités émanant du frottement des blocs de glace, via des prises de son hydrophoniques. Au cœur de cette démarche, l’improvisation reste le pivot essentiel. Elle se déploie par un dialogue continu avec les forces du milieu, empruntant les rythmes lents caractéristiques du flux et reflux de la calotte polaire.

TERRITOIRE EN PLEINE MUTATION CLIMATIQUE, SOCIALE ET GÉOPOLITIQUE, l’arctique est mis à l’épreuve dans la crise civilisationnelle que le monde traverse. Les impacts, en particulier sur les modes de vie locaux et sur le milieu vivant si singulier, sont sans commune mesure et largement documentés aujourd’hui (GIEC, Polar Summit…). L’abondance des récits d’exploration des occidentaux, bien que fascinants, et ce depuis deux siècles au moins, donne tout de même un certain vertige néocolonial. Le territoire est aujourd’hui extrêmement convoité pour ses ressources minières de plus en plus accessibles à cause de la fonte qui s’accélère.

Le Groenland, entité politique partiellement autonome, est un territoire sous domination occidentale (territoire autonome du Danemark) avec par exemple la sédentarisation forcée des peuples autochtones, l’exploitation des ressources (énergies fossiles, terres rares, uranium, métaux…), les pollutions engendrées sur le milieu naturel

C’est dans un contexte de violence culturelle et symbolique (langues traditionnelles, arts, gestes, héritages et savoir-faire techniques…) que certains autochtones en appellent à la communauté internationale pour fonder une véritable souveraineté et protéger le DROIT AU FROID. (à lire : Right to be Cold de Sheila Watt-Cloutier ainsi que la poésie de Aqqaluk Lynge).

Les fameux kaffemiks (littéralement « avec le café »), chez les habitants, espaces-temps où les lieux privés se transforment temporairement en lieux publics, seront l’occasion de rencontrer la parole, la mémoire et l’altérité

LA CARTOGRAPHIE POÉTIQUE de l’île d’Akunnaaq est l’élément visuel du projet de résidence, offrant une représentation onirique des parcours effectués au sein de ce territoire insulaire pour documenter la fragilité du paysage, les défis liés à la menace climatique et l’imperium colonial, dans une optique de partage du sensible.

Elle se compose tout d’abord de relevés géographiques minutieux, sur la base d’un S.I.G. (système numérique d’informations géographiques) reconstitué avec des données récoltées au préalable.

Les cartes topographiques constituent le socle de fiction, une projection du réel que l’errance poétique va mettre à l’épreuve. Cette cartographie ne se limite pas à dépeindre des parcours physiques, mais cherche à exprimer les états psychiques et les réflexions poétiques au fil des mouvements en va-et-vient sur l’île pour retranscrire l’espace du commun hors du langage parlé.

Ce corpus graphique évolue jour après jour, se construisant comme un carnet de bord, un atlas conjointement résonnant avec le travail sonore.

Une démarche participative est ouverte aux habitants du village. Les enfants de la communauté contribuent au projet cartographique et apportent leur expérience de leur lieu de vie. Les parents et grand-parents sont aussi mis à contribution pour documenter, entre autre, l’absence et la disparition au sein du milieu, observable à l’échelle d’une vie humaine.

DIALOGUE INTERCULTUREL
INSPIRATION DU KALAALLISUT
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Le groenlandais est une langue eskimo-aléoute parlée par environ 57 000 Groenlandais.

Son principal dialecte, le Kalaallisut ou groenlandais occidental, est depuis 2009 l’unique langue officielle du territoire autonome du Groenland.

C’est une langue polysynthétique où les mots, formés en accolant des suffixes à des racines, peuvent atteindre une très grande longueur. On dénombre aussi un petit nombre de voyelles et un grand nombre de consonnes.

Le groenlandais n’a pas vraiment de genre grammatical (comme le masculin ou le féminin) et les verbes n’ont pas de temps (présent, passé, futur), mais sont plutôt marqués pour l’aspect (comme l’accompli ou l’inaccompli).

Comme toute langue agglutinante, le groenlandais est une langue dont les traits grammaticaux sont marqués par la juxtaposition d’éléments simples appelés morphèmes (unités de sens).

Il y a une véritable proximité entre la stratégie sonore et musicale de Julien Lachal et cette langue singulière. L’œuvre sonore s’inspirera de cette grammaire.

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